En Côte d’Ivoire, les discours identitaires ressurgissent à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025. Et le gouvernement s’en inquiète.
Ce mercredi 26 octobre 2025, lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin de conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly a déploré que ces discours ressurgissent.
“Ce que je déplore, c’est que certains discours aujourd’hui resurgissent. Moi j’ai eu la chance de connaître la Côte d’Ivoire dans les années 90.
Quand je vois certaines personnes, qui aujourd’hui reprennent du service comme la dernière sortie d’un ancien ministre de la Justice qui a été le concepteur de la théorie des Ivoiriens de circonstance.
On est en droit de s’inquiéter parce que pendant des décennies il y a eu un discours de division. On a semé les germes de la xénophobie dans la tête de certains Ivoiriens.
C’est plutôt de cela qu’il faut s’inquiéter’’, a affirmé Amadou Coulibaly, face aux journalistes.
“Le Président Ouattara, par sa gouvernance, a ramené beaucoup de sérénité dans ce pays, mis les Ivoiriens ensemble, créer un nouvel environnement duquel tous ces discours avaient disparu.
Si aujourd’hui, on a cette résurgence, il faut s’interroger de savoir d’où c’est parti. Qui en sont les pères.
Je vous dis que certains commencent à reprendre du service’’, a ajouté le ministre de la Communication.
Les déclarations d’un ministre sur les origines de Tidjane Thiam, le patron du PDCI, le principal parti d’opposition, ont ravivé le débat sur l’ivoirité.
Ce concept, lancé par Henri Konan Bédié dans les années 1990, érigeait la préférence nationale en dogme.
Ce concept interprété différemment, avait attisé des tensions dans le pays pendant de longues années.
Il avait servi de substrat pour écarter l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara de la course à l’élection présidentielle.
Le 8 février 2025, lors d’une tournée politique dans la région du Guémon dont il est le président de conseil régional, le ministre délégué auprès du ministre des Transports chargé des Affaires maritimes, Célestin Serey Doh, a lancé :
“Son papa est Sénégalais, sa maman est sénégalaise. Parce qu’il a grandi chez Houphouët, on dit que c’est notre frère. De quelle région appartient le nom Thiam en Côte d’Ivoire ?’’.
Ces propos avaient suscité un tollé et avaient été abondamment condamnés.
Quelques jours après, l’ancien ministre de la Justice Faustin Kouamé, considéré comme l’un des défenseurs du concept de l’Ivoirité, avait défendu.
“Thiam est née ici (en Côte d’Ivoire, ndlr). Sa double nationalité est de droit à la naissance. Ce n’est pas un majeur qui a pris la nationalité française’’, a détaillé l’ex-ministre.
Serge Alain Koffi
